Page:Boulay-Paty - La Bataille de Navarin, 1828, 2e éd.djvu/6

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Peuples, vous abdiquez une haine vulgaire,
Et, de la politique agrandissant la sphère,
Navarin vous unit pour des destins plus beaux !

Que poussé par les vents, le bruyant incendie,
Portant ses tourbillons et sa flamme hardie
Dans les vastes sapins, monarques des déserts,
De ses bras dévorans les presse et les enlace,
Les sapins ébranlés tombent… l’Aquilon passe,
Et disperse à jamais leurs cendres dans les airs.

Tels les mâts africains, en forêt balancée,
Superbes s’élevaient sur la vague oppressée
Du fardeau menaçant de leurs mille vaisseaux ;
Mais le souffle d’en haut comme un feu les dévore ;
Pour dire leur destin, à peine il reste encore
Quelques débris errans sur le gouffre des eaux.

Navarin ! ton canon bien loin s’est fait entendre !
Quel combat !… Garnerey, ton art doit-il le rendre,
Ou le mien ? Les boulets, messagers de la mort,
Se croisent en sifflant dans leur route terrible,
Le plomb part du mousquet, l’abordage est horrible,
L’acier luit sur le pont, l’airain tonne au sabord.