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MERLIN L’ENCHANTEUR

Sire était encore de ce monde. Et il dit à l’empereur :

« — Sire, moi aussi j’ai été malade en ma jeunesse, mais il y avait alors, outre-mer, en la terre de Judée, un homme que l’on appelait le bon prophète, et qui faisait marcher les infirmes et rallumait les yeux des aveugles.

« Quand l’empereur entendit cela, il envoya des lettres scellées au bailli de Judée, qui était alors Félix, et celui-ci fit crier par tout le pays que, si quelqu’un avait un objet que Jésus eût touché, il l’apportât. Une vieille femme, nommée Vérone, se présenta devant lui :

« — Sire, dit-elle, le jour que l’on menait le saint prophète au supplice, comme je passais près de lui portant une pièce de toile, il me pria d’essuyer son visage qui dégouttait de sueur, et je lui enveloppai le chef de ma toile et le lui séchai. Et quand, plus tard, je la regardai, je vis que sa face y était restée portraite.

« Ce disant, elle lui remit le linge, et Félix aperçut que le visage de Jésus-Christ s’y voyait aussi nettement que s’il y eût été nouvellement peint

« — Grand, merci, douce dame, dit-il à la vieille.

« Et il l’envoya à Home sans tarder, où l’empereur la reçut très bien. Lorsque Titus eut la toile entre les mains, il s’inclina trois fois, malgré lui, dont ceux qui étaient là s’émerveillèrent ;