Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/121

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
105
LE RAMEAU D’ÈVE

c’étaient là leurs couleurs propres, sans nulle peinture artificielle. Et pour ce que vous pourriez douter de cette merveille, je vous dirai la vérité sur ces trois fuseaux, cette épée et cette nef.


XXX


« Quand Ève la pécheresse écouta le conseil de l’Ennemi et cueillit le fruit défendu, elle arracha de l’arbre, en même temps que lui, le rameau auquel il tenait. Son époux Adam prit la pomme et il laissa le rameau aux mains de sa femme qui le garda sans y penser. Or, sitôt qu’ils eurent mangé du fruit mortel à leur grand détriment et au nôtre, l’homme et la femme connurent qu’ils étaient nus, et Adam se couvrit de ses mains et Ève du rameau.

« Alors Celui qui devine toutes les pensées les appela. Il parla en premier lieu à Adam, parce que l’homme était plus coupable, sa femme étant de faible complexion et faite de sa côte, et il lui dit la parole douloureuse : Tu mangeras ton pain en sueur ; mais il ne voulut pas que la femme fût quitte puisqu’elle avait pris part au méfait, et il lui dit : En tristesse et douleur tu enfanteras. Puis il les bouta tous deux hors de son paradis.