Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/126

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
MERLIN L’ENCHANTEUR

pour cela. Alors il songea que la femme qu’il aimait était beaucoup plus subtile et rusée qu’aucun homme et il se dit que, si quelqu’un pouvait le conseiller, c’était elle : si bien qu’il lui découvrit toute sa pensée. Elle réfléchit quelque temps, puis elle dit :

« — Sire, j’ai trouvé comment le dernier chevalier de votre lignage pourra apprendre que vous avez prévu sa venue. Mandez tous les charpentiers de votre royaume et ordonnez leur de construire une nef d’un bois qui ne puisse pourrir avant quatre mille ans. Puis vous prendrez dans le temple que vous avez fait élever en l’honneur de Jésus Christ l’épée de votre père, le roi David. Vous en séparerez la lame, qui est la plus tranchante et la mieux forgée qui ait jamais été, et, grâce à votre science de la force des herbes et de la vertu des gemmes, vous munirez cette lame d’un fourreau sans pair, d’une poignée non pareille et d’un pommeau fait de pierreries diverses, mais si subtilement composé qu’il paraisse d’une seule gemme. Je mettrai à cette épée des renges de chanvre, si faibles qu’elles ne pourront que rompre sous son poids. Mais, s’il plaît à Dieu, une demoiselle les remplacera par d’autres qui seront belles et riches au point que ce sera merveille de les voir. De la sorte, cette pucelle réparera ce que j’aurai mal atourné en cette