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PRÉFACE

procédant comme ils procédaient eux-mêmes à l’égard de conteurs plus anciens, modeler à nouveau la matière épique ou romanesque, élaguer, transposer, combiner, développer ou réduire ; et parfois renouveler, c’est créer.

Mais j’en appelle à ces récents écrivains, de qui M. Jacques Boulenger se fait l’émule : tous s’accorderont à l’admirer pour l’ampleur et pour la hardiesse de sa tentative. Songeons que ce volume qu’il nous offre, le premier d’une longue série, ne donne encore que le prologue du drame, rien que l’allegro de la symphonie ; — que la Vulgate, dans l’édition Sommer, compte 2800 pages grand in-quarto ; — qu’il s’agit d’abréger cette immense histoire sans l’appauvrir, et surtout d’obtenir du lecteur qu’il se plaise aux méandres des aventures, à leur fourmillement et à leur enchevêtrement. Puis, telle est la singulière et inéluctable condition de l’entreprise que les difficultés croissent pour le narrateur à mesure que progresse la narration. Au début, en effet, ce n’est guère que la féerie légère des contes de Bretagne, « si vai et si plaisants », ce ne sont que des thèmes aimables et brillants de chevalerie et de courtoisie, ceux-là même où se complaisait l’Arioste :

Le Donne, i Cavalier, l’arme, gli amori,
Le cortesie…