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MERLIN L’ENCHANTEUR

temps il erra sur la nef, où maintes aventures lui arrivèrent. Un soir, enfin, il aborda dans un port : c’était celui où Joseph d’Arimathie et ses compagnons avaient atterri, en Grande Bretagne, non loin de la cité d’Oxford.


XXXIII


« Ils l’accueillirent à grande joie, et le cinquième jour, faute de vivres, ils partirent tous ensemble, emportant l’arche du Saint Graal, et arrivèrent sur l’heure de tierce à la ville de Galafort.

« Quand le duc de ce pays, qui avait nom Ganor, les vit ainsi venir nu-pieds, vêtus de pauvres habits, il fut tout ébahi, et bien plus encore quand il apprit qu’ils étaient riches hommes en leur pays et qu’ils avaient tout laissé pour l’amour de Jésus-Christ. Il manda ses clercs et maîtres ès lois sarrasinoises et dit à l’évêque Josephé qu’il voulait l’entendre défendre sa foi contre eux. Alors Josephé pria la Glorieuse Vierge Marie de ne pas laisser parler ceux qui oseraient s’élever contre elle : en sorte que les païens ne purent que crier et braire, prendre leur langue à deux mains, la dépecer et l’arracher. Le duc, à cette vue, fut si touché