Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/149

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
133
PAIX DU ROI LOT


XXXIX


Le roi Artus était à la fenêtre de son palais en compagnie des rois Ban et Bohor.

— Sire, ne reconnaissez-vous pas ce chevalier, sur un destrier noir, qui porte une lance de frêne et un écu d’or et d’azur au lion rampant, sommé de couronnes d’argent ?

— De vrai, c’est mon neveu Gauvain !

C’était lui, en effet, qui amenait ses captifs, tous à pied, sauf le roi Lot, sans heaumes et les coiffes de leurs hauberts abattues sur les épaules.

— Sire, dit Gauvain en approchant, voici mon père qui, grâce à Dieu, vous vient comme à son seigneur crier merci. Acceptez son hommage, car il est prêt à vous le faire.

Le roi Artus descendit, et le roi Lot s’agenouilla devant lui et lui tendit son épée nue, en disant :

— Sire, je me rends à vous. Faites de moi et de ma terre à votre plaisir.

Mais Artus le prit par la main droite.

— Beau sire, levez-vous : vous avez été trop longtemps à genoux. Vous êtes si prud’homme qu’il vous faudrait pardonner de bien plus grands