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PRÉFACE

mesurées : il aura aimé sa tâche pour ses risques mêmes. La haute aventure qu’il ose tenter, il saura la mener à bien, s’il est muni d’un talisman. Lequel ? J’ai lu quelque part, dans un de ses livres, ceci :

« La race se marque dans le style par un certain tour vif, naturel, aisé, attique ou extrêmement français (c’est tout de même), qu’on y a de naissance et qu’on n’acquiert jamais ; par une façon inimitable de couper, d’agencer ses phrases, de choisir ses tournures, ses expressions, ses mots mêmes, de manière que tout ait d’abord un air « de chez nous », populaire ensemble et royal à force d’aisance, un je ne sais quoi de fort mais de léger, de traditionnel et de neuf, de vieux comme notre patrie et de jeune comme elle. » (Jacques Boulenger, …Mais l’art est difficile ! 2e série, p. 12.)

Ces lignes, M. Jacques Boulenger les a écrites visiblement sans retour sur lui-même et à une heure où il ne pensait pas à nos vieux romanciers. Elles leur conviennent pourtant, et j’ose les appliquer à lui comme à eux.

« Sire, bien soiez vos venuz, que molt vos avons désiré a veoir. »


Joseph BÉDIER.