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MERLIN L’ENCHANTEUR

qu’il ne saurait y avoir de bonne paix tant que Keu n’aurait pas rendu ce qu’il avait reçu. Alors messire Gauvain cria avec colère :

— Votre barbe passera du blond au gris et du gris au blanc avant que vous avez de moi et de mes frères ce que vous désirez ! Comment, diable d’enfer, nous croyez-vous tels que vous puissiez nous humilier devant ce garçon ? Désormais nous reprenons l’hommage que nous vous avons fait, et vous rendons ce que nous tenons de vous et renonçons à votre service, et tous ceux qui nous aiment feront comme nous. Et si vous avez désir de jouter, en compagnie de votre sénéchal, contre moi et Gaheriet, venez dans la plaine !

En l’entendant, Sagremor sauta sur ses pieds.

— Attendez-moi, beau sire, dit-il à monseigneur Gauvain. Mais, avant de partir, je veux dire à Keu devant le roi que je lui trancherai la tête si je le puis atteindre, et non tant pour ce qu’il a dit, que pour ce qu’il nous force à laisser la meilleure compagnie qui soit.

Messire Gauvain, ses trois frères et Sagremor quittèrent ainsi la salle et tous les chevaliers devinrent sombres et soucieux. Yvain et Galessin furent se concerter à une fenêtre ouvrant sur le jardin, et décidèrent de suivre leurs cousins. Cependant Merlin venait au roi qui s’était assis à côté du roi Brangore, et il le blâma durement.

— Comment, diable damné, roi rassoté, vou-