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DIANE ET FAUNUS

comme Faunus, en courant les bois, et qui avait nom Félix. Et celui-ci était pauvre et de bas lignage, et il savait bien que, si Faunus apprenait ses amours, il le ferait tuer avec toute sa parenté. Aussi vint-il un jour trouver sa mie, et lui dit :

— « Par ma foi, demoiselle, ou vous vous délivrerez de Faunus ou je ne reparaîtrai plus auprès de vous.

« — Hélas ! dit-elle, comment le pourrais-je ? Il m’aime de si grand amour qu’il ne me laisserait pour chose du monde.

« — À votre guise, répondit Félix.

« Or Diane le hérissait si fort, qu’elle eût mieux aimé de mourir que de renoncer à lui, en sorte qu’elle se résolut à faire périr Faunus.

« Cette tombe que vous voyez était alors pleine d’une eau enchantée qui guérissait toutes les plaies. Un jour que Faunus revenait de la chasse, navré d’une blessure qu’une bête sauvage lui avait faite, elle fit ôter secrètement l’eau guérissante.

« — Que ferai-je ? demanda Faunus quand il s’aperçut que l’eau n’y était plus. Je suis blessé durement.

« — Ne vous troublez pas pour si peu, répondit Diane ; je vous soignerai bien. Couchez-vous là-dedans et nous vous couvrirons d’herbes de grande vertu, par quoi vous serez tôt rétabli.