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LE ROSSIGNOL

Et tant prenait liesse à le voir
Que plus n’en aurait pu avoir.
Si souvent elle se leva,
Que son baron s’en courrouça.
« Sire, ce m’est plaisir d’aller
Ouïr le rossignol chanter :
Tant m’en délecte le déduit,
Que je n’en puis dormir la nuit. »
En entendant cela, le sire
De colère se mit à rire :
Dans sa maison tous les valets
Fabriquent rets, lacs et filets ;
Il n’est pas dans tout le verger,
De coudrier, de châtaignier,
Qui ne porte piège ou glu :
Tant qu’ils ont l’oiseau retenu.
Quand, tout vif le baron le tint,
Aux chambres de la dame il vint.
« Dame, fait-il, où êtes-vous ?
Venez ici ! Parlez à nous !
J’ai le rossignol attrapé
Pour qui vous avez tant veillé :
Vous pourrez bien dormir en paix,
Il ne vous gênera jamais. »
Ah ! quand elle l’eut entendu,
Bien dolente la dame fut !
Aux pieds du sire elle tomba
Et le rossignol demanda.
Mais lui, méchamment, il l’occit
De ses deux mains le cou tordit,