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MERLIN L’ENCHANTEUR

lignage, et, s’il l’eût voulu, il eût été adoubé par le roi Pellès de Listenois ; mais il a fait serment de ne l’être que par vous.

À ces mots, tout le monde se mit à rire et Keu le sénéchal, qui était moqueur et piquant en paroles, s’écria :

— Gardez-le bien, demoiselle, et tenez-le près de vous de peur qu’il ne vous soit enlevé par les pucelles de madame la reine !

Mais à ce moment on vit entrer dans la cour du palais deux écuyers, montés sur des bons roussins ; l’un portait une épée et un écu noir à trois léopards d’or couronnés d’azur, et l’autre menait en laisse un petit destrier fort bien taillé, dont le frein était d’or et les rênes de soie ; un sommier les suivait, chargé de deux beaux et riches coffres. Ils attachèrent leurs chevaux à un pin, ouvrirent les malles et en tirèrent un minuscule haubert et des chausses à doubles mailles d’argent fin, puis un heaume d’argent doré, qu’ils apportèrent à la demoiselle. Elle-même sortit de son aumônière deux petits éperons d’or, enveloppés dans une pièce de soie. Keu le sénéchal les prit et feignit de vouloir en chausser le nain, déclarant qu’il le ferait chevalier de sa main.

— S’il plaît à Dieu, nul ne le touchera sinon le roi Artus, dit la demoiselle. Seul, un roi peut mettre la main sur un si haut homme que mon ami.