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Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/191

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LE GÉANT DU MONT SAINT MICHEL

Mais le roi Artus et ses compagnons reprirent leur bateau et allèrent aborder au mont.

Sur le sommet, ils découvrirent en effet le géant assis devant la flamme, qui faisait rôtir de la viande embrochée à un grand épieu et la dévorait à peine cuite. Il les aperçut bien, quoiqu’il n’en eut pas fait semblant tout d’abord, tant il était déloyal et malicieux ; et soudain il sauta sur un tronc de chêne qui lui servait de massue, courut sus au roi Artus et voulut lui en asséner un coup qui l’eût réduit en fumée. Heureusement le roi était merveilleusement vite et léger : il évita le choc par un saut de côté et dans le même temps frappa si adroitement le géant entre les sourcils de sa bonne épée Marmiadoise, qu’il l’aveugla. Alors le monstre, jetant sa massue à terre, commença d’avancer en tâtonnant et en essayant de saisir son adversaire qu’il apercevait comme une ombre quand il passait sa main sur ses yeux pour en essuyer le sang. Vainement Artus se défendait à coups d’épée : le géant avait une cuirasse faite des peaux de certains serpents qui vivent dans l’Inde, et rien ne l’entamait. Il finit par saisir le roi et le serra de telle force qu’il s’en fallut de peu qu’il ne lui broyât l’échine ; en même temps il coulait la main le long de son bras pour lui prendre son épée. Mais Artus laissa choir Marmiadoise qui sonna en tombant et, au moment que le géant se baissait pour la ramasser, il lui