Page:Boulenger - Romans de la table ronde I.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
NAISSANCE DE MERLIN


III


Cependant, le temps vint où sa grossesse ne se put plus cacher. Et les autres femmes, en regardant ses flancs, lui demandaient qui l’avait ainsi engrossée.

— Que Dieu me refuse une heureuse délivrance, si je le sais !

— Avez-vous donc connu tant d’hommes ?

— Que Dieu ne m’accorde jamais d’être délivrée, si un homme, à ma connaissance, m’a approchée !

— Belle amie, disaient les femmes en se signant, sans doute vous aimez mieux que vous-même celui qui vous a fait cela, puisque vous ne le voulez accuser. Mais c’est grand dommage pour vous, car, lorsque les juges le sauront, il vous faudra mourir.

En ce temps-là, en effet, quand une femme était convaincue de débauche, si elle ne consentait à devenir fille commune, on en faisait justice. Aussi fut-elle bientôt appelée devant les juges. Mais, comme ils pensèrent que l’enfant n’avait commis nulle faute et qu’il ne devait pas être puni pour le péché de la mère, ils résolurent qu’elle ne serait pas jugée avant qu’il fût né.