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MERLIN L’ENCHANTEUR

quelque jour les faire mourir, et qui pour cela ne vous haïsse de cœur. Si vous étiez courtois, ils seraient ici auprès de vous, atournés en fils de roi, et vous en auriez grand honneur, car chacun dirait que vous êtes un gentil prince, qui traite les orphelins honorablement et leur garde leur terre.

— Par Dieu, vous dites vrai, demoiselle ! répondit Claudas.

Et il donna l’ordre à son sénéchal d’aller quérir sur-le-champ les enfants et leurs maîtres, et de mener avec lui, par honneur, un cortège de chevaliers, de sergents et d’écuyers, tel qu’en doit avoir qui va chercher des fils de roi.


XII


La veille au soir justement, dans la tour, les enfants étaient assis à souper ensemble, car ils mangeaient toujours à la même écuelle, et Lionel, à son ordinaire, faisait paraître un si bel appétit que l’on s’en émerveillait. Pourtant, à le voir ainsi, Pharien, son maître, se prit tout à coup à pleurer si fort que ses larmes tombaient sur sa robe et à terre, sous la table où ils soupaient.

— Qu’est-ce, beau maître ? s’écria Lionel qui