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LES LÉVRIERS DÉSENCHANTÉS

gens se hâtèrent de lui ôter son heaume et de l’arroser d’eau froide, si bien qu’il reprit ses sens ; puis les médecins lui bandèrent et soignèrent ses plaies comme ils savent faire, et il souffrit tout de grand courage,

Cependant, la nuit était venue, et au moment même où Saraide désenchantait Lionel et Bohor bien loin de là, les deux lévriers qui en avaient la semblance reprenaient leur forme première dans le palais de Claudas, au grand ébahissement de tout le monde et du roi lui même. Lorsqu’il vit tout à coup deux chiens à la place des princes qu’on venait d’amener, Pharien sentit une telle angoisse en son cœur que pour un peu il en fût mort.

— Ha ! sire Claudas, s’écria-t-il, vous aviez juré de me rendre les fils du roi Bohor, et vous me baillez ces lévriers

— Hélas ! répondit le roi, ce sont les deux lévriers que la demoiselle amena devant moi tantôt, et je vois bien qu’elle a enlevé les enfants par enchantement ! Beau doux ami, ne m’accusez pas : je suis prêt à me rendre votre prisonnier sur parole et à vous servir d’otage jusqu’à ce que vous ayez nouvelles croyables de Lionel et de Bohor, Mais jurez sur votre foi de me garantir jusque-là.

Pharien hésitait, car il craignait de ne pouvoir protéger le roi contre son neveu Lambègue qui le haïssait à mort, ni peut-être contre les