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MERLIN L’ENCHANTEUR

frère germain le roi Ban. Et quoiqu’ils soient de haute naissance par leur père, ils sont encore de bien meilleure souche par leur mère. Elle descend du grand roi David, en effet, et c’est par un chevalier né de ce lignage que la Bretagne doit être délivrée des merveilleuses aventures qui y adviennent présentement. Si vous pensez ne les pouvoir mettre à l’abri de leurs ennemis, Dame, donnez-les nous : nous nous enfuirons, et, s’il plaît à Dieu, ils recouvreront leur héritage, car, si tôt qu’ils pourront porter les armes, il ne se trouvera pas un homme au royaume de Gannes qui ne risque pour eux son corps et ses biens.

Lionel, en entendant ces mots, sentit de grosses et chaudes larmes lui sortir des yeux.

— Qu’avez-vous, Lionel ? lui demanda Lancelot.

— Je pense à la terre de mon père, que je voudrais bien recouvrer.

— Fi ! beau cousin, ne pleurez point par crainte de manquer de terre. Vous en gagnerez si vous avez du cœur. Songez à être assez preux pour conquérir votre bien par prouesse et par vigueur.

Tout le monde admira qu’un enfant put tenir des discours si hauts ; mais la Dame s’étonna surtout de l’avoir entendu appeler Lionel : beau cousin. Elle assura à Pharien qu’elle saurait garder en sûreté les fils du roi Bohor et le pria