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MERLIN L’ENCHANTEUR

ronné de feuillages et son carquois à sa ceinture, car il ne s’en séparait jamais, mais il faisait porter son arc par un de ses valets. À le voir si beau, la Dame sentit l’eau du cœur lui monter aux yeux. Et quand il entra dans la salle, elle se cacha la figure dans les mains, et, au lieu de l’accoler et de le baiser comme elle faisait toujours, elle s’enfuit dans la grande chambre. Lancelot la suivit : il la trouva étendue sur un lit, qui pleurait.

— Ha ! Dame, qu’avez-vous ? lui dit-il. Si l’on vous a fait quelque chagrin, contez-le moi, car je ne souffrirai point que nul vous peine, moi vivant.

Mais la Dame sanglotait si fort qu’elle ne pouvait parler.

— Fils de Roi, éloignez-vous, dit-elle pourtant, ou vous verrez mon cœur me quitter.

— Je pars donc, puisque ma présence vous chagrine si fort.

Sur ce, il sort, prend son arc, le pend à son cou, ceint son carquois, selle son cheval, et déjà il le tirait dans la cour, lorsque celle qui l’aimait plus que tout accourut, essuyant son visage et ses yeux rouges et gonflés, et saisit le cheval par la bride :

— Vassal, s’écria-t-elle, où voulez-vous aller ?

— Dame, en un lieu où je me puisse consoler.