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LA TOUR CROULANTE

méchamment que son peuple le haïssait, et, comme il n’avait pu s’emparer du plus jeune fils du roi Constant, qu’un prud’homme avait emmené en une ville étrangère, nommée Bourges en Berry, il avait grand’peur que l’enfant ne revint un jour le détrôner. Aussi résolut-il de faire bâtir une tour si haute et si forte qu’elle ne pût jamais être prise. On se mit à l’œuvre, mais, à peine la tour commençait-elle de s’élever à trois ou quatre toises au-dessus du sol, elle s’écroula. Vortiger manda ses maîtres maçons et leur recommanda d’employer la meilleure chaux et le meilleur ciment qu’ils pourraient trouver. Ainsi firent-ils, mais une seconde fois la tour tomba ; puis une troisième et une quatrième : si bien que tout le monde était ébahi et le roi très irrité.

Il appela les plus sages clercs et astronomes de sa terre, et il leur proposa le cas. Après en avoir délibéré durant onze jours, ils prétendirent que la tour ne tiendrait jamais si l’on ne mélangeait au mortier le sang d’un enfant de sept ans né sans père. Aussitôt le roi envoya douze messagers par le monde qu’il chargea de ramener cet enfant.

Un jour, deux d’entre eux passèrent en un grand champ à l’entrée d’une ville, ou une foule de jeunes garçons jouaient à la crosse. Or parmi ceux-ci était le petit Merlin qui, sachant toutes choses, connut bien ce que