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YGERNE

duc par la main et le fit asseoir à table auprès de lui ; puis il lui dit, en lui montrant une coupe d’or :

— Beau sire, mandez à Ygerne votre femme qu’elle accepte cette coupe que je lui envoie pleine de bon vin, et qu’elle la vide pour l’amour de moi.

— Sire, grand merci ! répondit le duc qui ne pensait pas à mal.

Et l’un de ses chevaliers, nommé Bretel, se rendit par son ordre en la chambre où Ygerne mangeait avec les autres dames et, s’agenouillant devant la duchesse, il lui fit le message de son seigneur. Elle rougit ; pourtant, n’osant refuser, elle but et voulut renvoyer la coupe.

— Madame, lui dit Bretel, messire a commandé que vous là gardiez : le roi l’en a prié.

Puis il revint au roi et lui rendit grâce de la part de la duchesse, qui pourtant n’avait sonné mot de remerciement.

Le soir, lorsque le duc rentra à son hôtel, il trouva Ygerne qui pleurait. Étonné, il la prit dans ses bras.

— Ha ! dit-elle, je voudrais être morte !

— Dame, pourquoi ?

— Je ne vous le célerai point, car il n’est rien que je chérisse comme vous. Le roi dit qu’il m’aime, et toutes ces fêtes, il ne les donne que pour l’amour de moi. Pourtant, des présents