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ii
PRÉFACE

qu’à cinq fois réimprimer. Or, au milieu du siècle, aux jours où se formait la Pléiade, il put sembler un instant que ce vieux Doctrinal de prouesse et d’honneur, si fortuné jusqu’alors, allait connaître une fortune nouvelle, plus haute encore.

Car, aux pages de la Défense et illustration de la langue française, où Joachim Du Bellay appelle de ses vœux le Poète futur et lui trace son programme, il lui recommande par-dessus tout de se faire l’émule de l’Arioste et lui dit : « Comme Arioste donc, qui a bien voulu emprunter de nostre langue les noms et l’histoire de son poème, choisy moy quelqu’un de ces beaux vieulx romans françoys, comme un Lancelot, un Tristan, ou autres, et en fay renaître au monde une admirable Iliade et laborieuse Enéide. »

Ainsi Du Bellay et Ronsard, qu’on se représente à tort comme tout Grecs et tout Latins, ont commencé par recevoir des vieux romanciers de France des inspirations et des leçons. Ainsi Lancelot et la reine Guenièvre, Viviane, Perceval, Galaad ont hanté les bords du petit Liré et du Loir gaulois. Ainsi, à l’âge des longs espoirs et des vastes pensers, l’Angevin et le Vendômois, ces artistes ardents et lucides, si pleinement conscients de leur mission de rénovateurs, ne concevaient pas de tâche plus noble que d’animer d’une vie nouvelle nos