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LES DAMOISEAUX

route secrètement pour les rejoindre à Logres. Puis comment Dodinel le Sauvage avait suivi l’exemple des deux Yvain ; et ce Dodinel, qui avait quatorze ans, était le fils du roi Belinant de Sorgalles et le cousin de Galessin par sa mère, Églante, fille du roi de l’Île Perdue et sœur du roi Nantre ; et on l’avait surnommé le Sauvage parce qu’il chassait avec plus d’ardeur et de passion que nul autre homme les sangliers, les cerfs et les daims dans les forêts. Puis comment Keu d’Estraux et son neveu Keheddin le Beau, qui étaient vassaux du roi Brangore d’Estrangore, et plusieurs autres preux et hardis damoiseaux, fils de rois, de comtes et de ducs, s’étaient rendu auprès de Gauvain, souhaitant comme lui de recevoir leurs armes d’Artus.

Sachez que l’histoire du perron merveilleux et de la défaite des onze rois à Kerléon avait tant couru par toutes terres et pays qu’elle était venue jusques en la cité de Constantinople. La vivait Sagremor, petit neveu de l’empereur et fils du premier lit de la femme au roi Brangore d’Estrangore, laquelle avait épousé en premières noces le roi de Blasque et de Hongrie. C’était le plus bel enfant du monde, le plus fort et le mieux taillé, et il n’avait guère plus de quinze ans. Quand il eut oui parler des prouesses du roi Artus de Bretagne, Sagremor jura qu’il ne serait armé chevalier que par lui. Si bien que l’empereur Adrian de Constantinople fit appareiller une