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Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/228

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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

faveur d’une malheureuse, elle prit sur ello d’écrire au séducteur, avec cette courageuse indiscrétion des dames d’un certain âge, — et le fragment suivant va nous apprendre ce qu’il lui en couta : << 8 mai 1839. — Le dimanche consacré à M. de la T. Hier, après avoir fermé ma lettre pour lyon, je suis sortie tout à coup de mon indécision élouffante el je lui ai écrit, à lui, dans un de ces moments de courage calme qui vient du sentiment profond de son devoir ; j’ai osé lui dire que je n’irais pas à sa campagne sans qu’il me donne la certitude d’y trouver sa famille à lui, la femme qui l’aime et qui le pleure, et l’enfant qui lui demande un nom, un père, une ame, un avenir.

« Il ſera ce qu’il voudra maintenant. Toutes mes incertitudes sont finies. Je ne pouvais sortir honorablement de cette position fausse que par cette prière pour un élre innocent que sa charmante mère a mis en quelque sorle sous na protection. Tu penses bien, mon bon mari, que je lui ai demandé humblement pardon de cette action hardie, qu’il devait me connaitre assez pour être sûr que jamais je n’aurais osé lui donner un conseil sur une question si grave, si l’excès même de sa bonté pour ma famille ne me forçait à lui rendre compte du motif de ma résistance. – J’attends paisiblement, à présent, le résultat de celte action, qui m’a coûté immen-