Aller au contenu

Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/66

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
62
MARCELINE DESBORDES-VALMORE

sublime, et le sublime n’est pas gai (). » En effet.

Or, s’il ne fallait, en 1808, qu’avoir « l’âme sensible » pour plaire, en ce cas Marceline devait « enchainer tous les cours ». Encore une fois, on pleurait beaucoup sous le Premier Empire et la Restauration ; dans la poésie française, de Millevoye à Lamartine, ce ne sont que romances, ce ne sont qu’élégies

jeunes personnes éthérées, levant au

ciel des yeux humides de larmes ; tendres vcuves éplorées, errant sous les saules pleureurs ; påles et mélancoliques amants, malades de la poitrine ; vénérables et sensibles ermites, chevaliers gémissant sur leurs coursiers, plaintifs troubadours qui jurent d’aimer toujours. (Il faut bien dislinguer entre ce romantisme pleurard et sentimental, et le romantisme frénélique de la génération de 1830 : à partir de 1824 environ, sous l’influence de Byron, tout l’attirail et le décor changent : alors apparaissent les orgies infernales, les Don Juan sataniques, les courtisancs échevelées, les (l) Lamartine à M de Girardin, juillet 1811 (Correspondance, V, page 549).