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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

troubles » ; comprenez qu’il lui confiait les inquiétudes de son grand caur : c’était un jeune homme romantique. Et elle écoutait ces confidences éminemment tendancieuses… Si bien qu’un jour ce qui devait arriver arriva :

J’étais seule avec lui, j’écoutais son silence … Pour arracher mon cœur à sa peine chérie Et distraire du sien la sombre rêverie, Je cherchai le secours de ces accords puissants Qui de plus d’un orage avaient calmé ses sens. (Entendez par cette métaphore qu’elle se mit à jouer de la harpe : elle voulait faire diversion à la mélancolie de son amant, qui la troublait.)

Et j’unissais ainsi la ruse à l’innocence… … « Non, dit-il, non jamais tu n’as connu l’amour ! » J’ai voulu me sauver… il pleurait à son tour ; J’ai senti fuir mon âme effrayée et tremblante : Ma sœur, elle est encore sur sa bouche brûlante. (1) Marceline, qui était honnête, dut s’efforcer tout d’abord de cacher sa liaison. Mais bientôt cela ne fut plus possible, car, pour employer son langage, le ciel ne tarda point à lui envoyer un « gage adoré de ses (1) I, 86-87.