Aller au contenu

Page:Boulenger Marceline DesbordesValmore.pdf/90

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
86
MARCELINE DESBORDES-VALMORE

« M’aimeriez-vous encore ? » On sent bien qu’elle n’en doutait pas… Cependant, comme elle n’avait pas de quoi elever son enfant, elle se voyait contrainte à reprendre son métier d’actrice. Ce que cette résolution dut lui coûter, on l’imagine. D’abord la petite bourgeoise de Douai s’était toujours sentie dépaysée parmi les comédiens : « On était loin d’être revenu alors des préjugés contre les personnes de théâtre… Sans doute, depuis Adrienne Lecouvreur, les comédiennes d’esprit et de talent avaient fait un pas et avaient conquis un point essentiel dans la considération

elles voyaient ce qu’il y avait de

mieux en hommes, mais les femmes ne les voyaient pas. Il a fallu en venir à Mhe Rachel pour que tombåt cette dernière barrière », constatait Sainte-Beuve en 1869 (1). Donc, tendre, modeste et décente, la fille de l’ancien administrateur des pauvres de Douai souffrait de n’être pas « bourgeoise ». Et en 1812 surtout, comment eût-elle oublié que sa profession venait peut-être d’empêcher que son amant ne l’épousát ? « Ne songe jamais à prendre le théâtre, recommandera(1) Nouveaux Landis, XII, 143-144.