Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/153

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jeune encore, il perdit son père, et sa mère s’étant remariée à un horloger, celui-ci, voyant le peu de fruit que l’enfant tirait de la fréquentation du collége, résolut de le garder à la maison pour l’occuper aux travaux de son état. Cette vie sédentaire ne sembla point d’abord, plus que l’autre, agréable à l’enfant, doué d’une extrême vivacité ; peu à peu, cependant, les combinaisons mécaniques l’intéressèrent et il devint apprenti des plus zélés.

Son beau-père, cependant, qui voulait faire de lui un ouvrier émérite, l’emmena à Paris et le plaça chez un célèbre horloger de Versailles pour qu’il achevât de se perfectionner dans son art et, en effet, au bout de peu d’années, Abraham-Louis était le premier ouvrier de l’atelier ; intelligent autant que laborieux et rangé. Quoique à peine sorti de l’adolescence, il se trouvait père de famille, ayant, par la mort précipitée de son beau-père et de sa mère, une jeune sœur à élever et établir ! Son salaire de chaque jour devait seul suffire à toutes les charges ; et non-seulement le jeune ouvrier réussit à équilibrer son budget, mais il put faire quelques économies et trouver du loisir pour suivre un cours de mathématiques, car il avait compris que la connaissance des sciences exactes lui devait être singulièrement utile ou plutôt indispensable. Son professeur était l’abbé Marie, savant distingué, que les rares dispositions de l’élève, comme sa bonne conduite, intéressèrent et qui ne fut pas avare pour lui de ses précieux enseignements.

Il n’est pas douteux qu’ils contribuèrent beaucoup à développer le génie du jeune Breguet dont la réputation, comme habile horloger, date de cette époque et depuis