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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/192

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que et dans un lieu tout à fait public, eussent certainement excité de la rumeur et pu compromettre la sûreté du harangueur. Tous les élèves le sentirent bien ; car lorsque Maurice eut cessé de parler, il y eut un intervalle de silence assez long pendant lequel tout le monde se consulta du regard pour savoir comment on prendrait la chose.

« Le brave Moriès trancha la difficulté : « C’est bien cela, Maurice ! » dit-il d’une voix ferme ; et à peine ces mots eurent-ils été prononcés que tous les élèves crièrent à plusieurs reprises : Vive Maurice !

« On aurait tort de croire cependant que, dans le sentiment généreux que fit éclater cette jeunesse, il entrât des idées de piété. À l’atelier de David, comme par toute la France alors, on était et l’on affectait surtout d’être très-indévot. »

C’est à ce moment là même ou bientôt après, que parut le livre de Chateaubriand et l’on sait avec quel immense succès. Il fallait pour cela qu’il parlât au siècle une langue que celui-ci pût tout d’abord comprendre, qui lui fût sympathique bien loin de l’effaroucher, ce qui n’empêche pas que cette langue riche, imagée, colorée, brillantée, mais parfois trop humaine, n’ait fréquemment aussi la vraie note chrétienne, capable de faire sur le lecteur une heureuse impression, plus sans doute qu’on ne veut l’admettre aujourd’hui. Il nous semble que le livre, débarrassé du fatras scientifique et soi-disant théologique, et allégé par quelques autres retranchements, pourrait être grandement utile encore. Dans nul autre peut-être de ses ouvrages, Chateaubriand ne fut mieux inspiré, moins obsédé de préoccu-