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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/220

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car avez vertueusement, en plusieurs royaumes et provinces, combattu contre plusieurs nations… Donc, mon ami, dépêchez-vous. »

Alors prit son épée Bayard, et dit :

« Sire, autant vaille que si estais Roland ou Olivier, Godefroy ou Baudouin, son frère.

Et puis après, cria hautement l’épée en la main droite :

« Tu es bienheureuse d’avoir aujourd’hui, à un si beau et puissant roi, donné l’ordre de la chevalerie. Certes, ma bonne épée, vous serez moult bien comme relique gardée, et sur toutes autres honorée, et ne vous porterai jamais si ce n’est contre Turcs, Sarrasins et Mores. »

« Et puis fait deux sauts, et après remet au fourreau son épée. »

Pour la chevalerie, existait la dégradation, à laquelle on était condamné pour crime de félonie, et qui s’accomplissait avec des circonstances qui la rendaient terrible. On faisait monter le coupable sur un échafaud dressé tout exprès en place publique. Là, on brisait sous ses yeux les deux pièces de son armure ; son écu, le blason gratté, était attaché à la queue d’une cavale pour être traîné par les rues. Le héraut d’armes outrageait, par toutes les injures que l’imagination pouvait lui fournir, le misérable, fou de honte et de douleur. Les prêtres alors récitaient les vigiles funèbres, terminées par les malédictions du psaume 108. Puis quelqu’un demandait par trois fois le nom du dégradé, et par trois fois le héraut répondait : « Nescio ! Je ne connais pas le nom de cet homme ; il n’y a devant nous qu’un parjure et un félon. »