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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/229

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John Adams fut le premier, quoique protestant, à s’inscrire sur la liste « couverte bientôt des noms les plus honorables protestants aussi bien que catholiques. »

L’abbé de Cheverus fit aussitôt creuser les fondations ; mais, dans son zèle conseillé par la prudence, quand les sommes par lui reçues se trouvèrent épuisées, il suspendit les travaux et ne permit de les reprendre qu’après avoir touché l’argent nécessaire. Dans un pays où la banqueroute est endémique, il croyait ne pouvoir être trop prudent en n’escomptant point par le crédit un avenir incertain et des ressources éventuelles ; car des dettes, s’il n’eût pu tenir à ses engagements, c’était pour son ministère encore plus que pour lui-même la déconsidération et la ruine de toute influence.

Dans le courant de l’année 1803, il eut occasion de prouver que chez lui la charité la plus sublime, la compassion la plus tendre s’unissaient à toute la vigueur d’une âme sacerdotale. Deux pauvres Irlandais, condamnés à mort pour un crime dont ils étaient innocents, lui écrivirent de la prison de Northampon pour réclamer le secours de son ministère. La lettre reçue, l’abbé part aussitôt et prodigue à ces infortunés toutes les consolations que lui suggère un cœur attendri par la pitié en même temps qu’exalté par la foi. Le jour fixé pour l’exécution arrive ; il est d’usage, paraît-il, aux États-Unis, c’était du moins la coutume à cette époque, de conduire, avant de le mener au milieu du supplice, le condamné à l’église ou au temple pour y entendre une suprême exhortation.

L’abbé de Cheverus, monté en chaire, aperçoit au-dessous de lui toute une foule empressée et compacte,