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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/235

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« Monsieur, lui dit-il, j’ai un grand service à vous demander ; vous me trouverez sans doute indiscret, mais j’attends tout de votre obligeance.

— Monseigneur, répond le maire, vous me rendez confus ; qu’aurais-je à vous refuser ? je serais trop heureux s’il était quelque moyen de vous prouver que je partage les sentiments de respect, d’affection, de vénération pour notre premier pasteur qui remplissent ici tous les cœurs.

— Eh bien ! reprend aussitôt l’évêque en l’embrassant, le service que j’ai à vous demander c’est d’aller porter ce baiser de paix à votre curé.

— Monseigneur, je ne puis pas vous dire : Non ! et j’y vais de ce pas. » Ce qui eut lieu en effet et la réconciliation fut complète.

L’année suivante, la charité de l’évêque eut à s’exercer sur un plus vaste théâtre. Par suite d’un débordement du Tarn, deux faubourgs de la ville furent envahis, et les habitants chassés de leur domicile quand ils avaient pu fuir. L’évêque, après avoir pendant toute une journée, monté dans une barque, aidé au sauvetage, ouvre son palais aux victimes du fléau dont le nombre s’éleva bientôt à plus de trois cents. Une pauvre femme cependant restait au dehors regardant les fenêtres d’un air désolé. L’évêque l’aperçoit.

— Mais pourquoi, demande-t-il à quelqu’un, cette pauvre femme n’entre-t-elle pas comme les autres ? Il y a de la place encore, il y en aura toujours.

— Elle n’ose pas ! fut-il répondu, elle n’est point catholique, mais protestante.

— Qu’importe ! répond l’homme de Dieu qui descend