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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/262

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Ces affirmations sont assurément beaucoup trop absolues, et il est tel passage des Mémoires qui semble les contredire entièrement, celui-ci par exemple relatif à la mort du connétable de saint Paul livré au roi par le duc de Bourgogne : « Il n’était nul besoin au dit duc, qui était si grand prince, de lui donner une sûreté pour le prendre ; et fut grande cruauté de le bailler où il était certain de la mort, et pour avarice. Après cette grande honte qu’il se fit, il ne mit guère à recevoir du dommage. Et ainsi, à voir les choses que Dieu a faites de notre temps, et fait chacun jour, semble qu’il ne veuille rien laisser impuni ; et peut-on voir évidemment que ces étranges ouvrages viennent de lui ; car ils sont hors des œuvres de nature, et sont des punitions soudaines ; et par espécial contre ceux qui usent de violence et de cruauté, qui communément ne peuvent être petits personnages, mais très-grands de seigneurie ou d’autorité de prince. » (Liv. IV.)

À propos de la mort du duc de Bourgogne tué sous les murs de Nancy, il dit encore : « et périt lui et sa maison, comme j’ai dit, au lieu où il avait consenti par avarice de bailler (livrer) le connétable, et peu de temps après. Dieu lui veuille pardonner ses péchés ! je l’ai vu grand et honorable prince, et autant estimé et requis de ses voisins, un temps a été, que nul prince qui fut en chrétienté ou par aventure plus. Je n’ai vu nulle occasion pour quoi plutôt il dût avoir encouru l’ire de Dieu, que de ce que toutes les grâces et honneurs qu’il avait reçus en ce monde, il les estimait tous être procédés de son sens et vertu sans les attribuer à Dieu comme il devait. » (Liv. V.)