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Page:Bouniol - Les rues de Paris, 1.djvu/365

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l’instruire en l’amusant par ces aventures sans jamais vouloir donner cet ouvrage au public. »

En effet, le livre ne vit le jour du vivant de l’auteur que par « l’infidélité d’un domestique auquel Fénelon avait confié son manuscrit pour en faire une copie. Cette transcription circula clandestinement dans quelques sociétés dès le mois d’octobre 1698, et la curiosité qu’elle fit naître encouragea le copiste à la vendre à un libraire sans désignation d’auteur. La veuve Barbier obtint un privilége et l’ouvrage s’imprimait lorsque, au mois d’octobre 1699, la cour, ayant été informée que le Télémaque était de l’archevêque de Cambrai, fit saisir les exemplaires des feuilles imprimées et prit les mesures les plus sévères pour sa destruction totale. »

Elle n’y réussit pas néanmoins ; une partie de l’édition fut soustraite à la vigilance des agents, et les exemplaires se répandirent dans le public. Un libraire de La Haye, Mœtyens, en profita pour faire réimprimer le livre qui eut à l’étranger comme en France un immense retentissement. La Bibliothèque Britannique de l’année 1743, le constate en ces termes : « À peine les presses pouvaient suffire à la curiosité du public ; et quoique ces éditions fussent pleines de fautes, à travers toutes ces taches, il était facile d’y reconnaître un grand maître. »

Ce succès prodigieux, qui n’avait pas pour seule et sans doute pour principale cause le mérite du livre, acheva d’indisposer Louis XIV déjà fort mécontent de Fénelon depuis l’affaire du Quiétisme : « Louis XIV ne lui pardonnait pas l’obstination qu’il avait mise à défendre une doctrine où le roi ne voyait que des illusions