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2 LES RUES DE PARIS.

était heureux de se conformer. Moins de deux années après, une double et douloureuse catastrophe vint l’arracher à sa studieuse retraite. Il perdit, à quelques mois de distance, son père et sa mère qu’il aimait tendrement, et, quoique âgé de vingt et un ans à peine, devenu chef de famille comme l’ainé de tous, il dut revenir à Reims pour veiller sur ses frères et sœurs plus jeunes. « Il se mit au fait des affaires domestiques et pourvut à tout par sa prudence. Les conseils qu’il sut demander suppléèrent à son peu d’expérience, de sorte qu’on n’eut point de fautes à lui reprocher. » Du reste, il restait fidèle à sa vocation ; mais, sa profonde humi- lité, dit son historien, lui fit prolonger beaucoup le temps des interstices prescrits par l’Église. Ordonné diacre en 1676, il ne reçut la prêtrise que deux années après, la veille de Pâques. Un de ses amis, l’abbé Roland, chanoine et théologal de l’église de Reims, lui avait, en mourant, recommandé la communauté des Filles ou sœurs de l’Enfant Jésus, établie par ses soins dans cette ville et à laquelle se montraient peu favorables le maire et les éche- vins. Cependant on avait peine à s’expliquer ces préventions, car les pieuses filles « s’acquittaient avec toute la fidélité possible des fonctions de zèle propres à leur institut. Depuis qu’elles instruisaient les orphelines et les autres enfants de leur sexe, on remarquait le changement le plus consolant dans cette jeunesse qui donnait auparavant de justes craintes pour l’avenir. » L’abbé de la Salle, avec un grand zèle, s’employa pour les sœurs et, grâce à ses efforts, la communauté fut approuvée définitivement par l’ordinaire et confîr-