Page:Bouniol - Les rues de Paris, 3.djvu/251

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243 Le temps, qui ronge tout de ses dents incisives N’a pas encor mordu sur ces pierres massives ; Vierge d’impur ciment, fort de son unité. Ce compacte château vit pour l’éternité. 11 étale au dehors de ses murs granitiques La colonne toscane aux bracelets antiques. Et semble dédaigner dans son style grossier Ces frêles ornements que cartonne Percier, Ces colonnes d’un jour qui, pour être immortelles, Coiffent leurs chapiteaux de bonnets de dentelles, Ces feuillets de sculpture où, par quatrains égaux. L’architecte galant écrit ses madrigaux. J’aime surtout ses bois, terrestres élysées ; Ses pelouses de fleurs par des talus brisées ; La mousse en relief sur les murs décrépits ; L’allée où le gramen déroule ses tapis ; Ses autels où la fable a sculpté ses idoles ; Les cygnes du bassin, gracieuses gondoles ; Et les lacs de gazon qu’un balustre épineux Borde, en faisant courir ses losanges de nœuds. Là^ toujours indocile au goût systématique. Quelque plan imprévu rompt les lignes d’optique ; Là, rien n’attriste l’œil, car un heureux dédain Au compas de Lenôtre enleva ce jardin. Ces vers du poète de la Némésis, écrits en 1831, et si remarquables au point de vue historique et descriptif, étaient plus vrais alors qu’aujourd’hui, surtout en ce qui concerne le jardin si malheureusement mutilé et diminué en dépit des réclamations les plus instantes. La suppression de la Pépinière en particulier, en vue de mesquins calculs financiers, a été un acte véritable de vandalisme qui ôte beaucoup au jardin de son caractère pittoresque. Espérons maintenant que les terrains, distraits par un plan malencontreux du Luxembourg, lui