Page:Bourdaret - En Corée.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au Sane-Sine qui est là et les épie. C’est à iui que les chasseurs de fauves se recommandent avant d’entreprendre leur périlleuse course, et ils ont pour lui une grande vénération. Les chercheurs d’herbes rares, de plantes médicinales, comme le ginseng sauvage, font aussi des offrandes à cet esprit pour que leur récolte soit abondante.

Le tigre est regardé par le peuple comme le lieutenant de l’esprit de la montagne. C’est un animal presque divin ; il figure sur les étendards royaux, et constitue l’insigne des fonctionnaires militaires qui reçoivent comme cadeau de l’empereur des peaux de ces animaux.

Si le Sane-Sine est courroucé contre un village, il envoie le mangeur d’hommes (tigre). Aussi lorsqu’un tigre a emporté un animal domestique, les villageois s’empressent-ils de faire une offrande pour apaiser l’esprit de la montagne.

Le Sane-Sine est encore le dieu des ermites. Si un Coréen veut s’engager dans une entreprise délicate, il vient dans la montagne faire une retraite de plusieurs semaines, pendant laquelle il prie, jeûne, fait des ablutions pour obtenir sa protection. Ces individus sont toujours considérés ensuite par leurs voisins avec respect, parce qu’on les suppose en communication avec l’esprit vénéré.

En rêve, les habitants voient quelquefois une apparition devant eux, sous la forme de l’image qu’ils ont l’habitude de rencontrer sur l’autel de cet esprit, et ils ne doutent pas que c’est le Sane-Sine qui leur est apparu. C’est un signe de bonne chance, et cela leur vaudra par la suite du bonheur et une bonne récolte. La plupart des songes que font les Coréens sont rapportés au Sane-Sine.