Page:Bourdaret - En Corée.djvu/172

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avant d’emmener sa femme dans sa maison ou celle de ses parents.

Généralement, en effet, la jeune épouse va habiter la maison des parents de son mari, et c’est l’exception quand le mari habite chez son beau-père. Cela arrive cependant, et on appelle gendre adoptif (teri-sa-honi) celui qui vit chez ses beaux-parents. D’autres fois, si les parents du mari sont morts, les époux vivent seuls dans leur maison, au grand bonheur de la jeune femme, car les belles-mères coréennes sont les plus terribles du monde, et la bru, souffre-douleur, n’attend plus que d’être belle-mère à son tour.

Après la cérémonie que je viens de décrire, le mari retourne, dans le même équipage, à la maison de son père, et peu après, la jeune femme, avec ses vêtements de mariée, les yeux toujours collés, accompagnée de servantes et de porteurs de lanternes et de parasols, qui entourent sa chaise hermétiquement close, tout enluminée de couleurs vives, vient à son tour saluer sa nouvelle famille.

Après cette visite, elle retourne chez elle ; là on lui ôte ses vêtements de mariée, on lui décolle les yeux et on lui enlève son fard. Le soir, son mari vient auprès d’elle, mais retourne chez ses parents, le lendemain matin.

Ce va-et-vient du marié dure trois jours, après lesquels la jeune femme est emmenée, dans une chaise fermée ordinaire, à la maison conjugale, sous le toit de sa redoutable belle-mère, où sa vie va s’écouler en butte aux mauvais traitements, sauf de rares exceptions.

Avec son mari, la jeune épouse observera le mutisme le plus absolu, pendant les premiers jours,