Page:Bourdaret - En Corée.djvu/385

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car ni sur le fleuve Rouge, ni à la fameuse route des Dix mille escaliers, ni à Madagascar, je n’ai éprouvé misère pareille à celle du voyageur arrêté, non par la montagne, mais par la plaine inondée, sans issue, sans chemin.

De retour à Sai-na-rou, je m’empresse de quitter ce lieu inhospitalier et de gagner la grande route, l’unique route en somme, pour des cavaliers, de Pong-sane à Seoul, refaisant en sens inverse le même voyage, à la grande joie de mes hommes qui n’éprouvaient, après ce malheureux essai, aucune envie de traverser le Houan-hai-to.

Pendant le voyage de retour, je recueille d’intéressantes notes sur les dolmens de cette province, et je m’amuse à regarder les diverses attitudes des poteaux-fétiches à face humaine, si impayables, échelonnés le long du chemin. Les uns sont raides, à face blanche, le corps peint en rouge, les bras en noir ; ils ressemblent à ces juges que certains caricaturistes crayonnent dans nos illustrés satiriques. D’autres ont des airs penchés, mélancoliques, ou ressemblent à de braves et paisibles Coréens auxquels on pourrait donner un nom connu. Chacun d’eux, taillé à coups de hache, a sa physionomie particulière. Les yeux rentrants ou saillants, ils expriment tous les sentiments, ont toutes les attitudes possibles.