Page:Bourdeille - Œuvres complètes, 7.djvu/9

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DISCOURS

SUR

LES RODOMONTADES.


Il fàut un peu parler des rodomontades espaignolles, car certes elles surpassent toutes les autres, de quelque nation que ce soit ; d4autant qu’il faut confesser la nation espaignolle brave, bravasche et valeureuse, et fort prompte d’esprit, et de belles parolles profférées à l’improviste.

J'accommanceray donc lorsque le grand marquis de Pescayre, après la chasse des François hors de l'estat de Milan, eut bravement forcé et pris la ville de Gênes, qui tenoit pour les François. Il ne faut demander quelles richesses il y avoit trouvées, et de combien l’armée espaignolle s’en emplist ; si bien que, quelques jours après, la mettant aux champs, il la trouva si chargée, embarrassée de bagages, de caréages, mulles, mulletz et chevaux, que le marquis fut contraint de faire un bandon, pour casser cest embaratz, bagages et carréages, et empeschemens, 1. Caréage, chariot ; de l’espagnol carruage