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injuriés, battus par la foule abrutie des hommes qui, pour défendre leur folie et leur cruauté, n’ont d’autre arme qu’une grossière violence.


III


La guerre forme des hommes qui cessent d’être des citoyens et deviennent des soldats. Leurs habitudes les écartent de la société ; leur sentiment principal, c’est le dévouement à leurs chefs. Dans le camp ils s’habituent au despotisme, à atteindre leurs buts par la violence et à se jouer des droits et du bonheur de leur prochain.

Leurs principaux plaisirs sont les aventures bruyantes, les dangers.

Les travaux pacifiques leur répugnent.

La guerre produit la guerre et la continue sans fin. Le peuple vainqueur, enivré des succès, aspire à de nouvelles victoires ; le peuple vaincu, agacé par la défaite, se hâte de rétablir son honneur et ses pertes.

Les peuples, excités les uns contre les autres par les injures réciproques, se souhaitent mutuellement l’humiliation, la ruine. Ils se réjouissent quand les calamités, la faim, la misère, la défaite frappent le pays ennemi.