Page:Bourdon - En écoutant Tolstoï.djvu/49

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peuvent plus aller de front. Mon homme s’interroge et s’arrête ; j’en profite pour mettre pied à terre et détendre mes jambes engourdies, et j’enfonce dans la neige jusqu’aux genoux. Tout autour de nous, le silence, la solitude, les sapins grêles, l’immensité blanche. Comme nous ne sommes pas équipés pour atteler en flèche, l’homme aux yeux bleus et au menton rose détache l’un des chevaux, l’installe derrière le traîneau, et, assis de côté, à califourchon sur son siège, alternativement attentif à l’avant et à l’arrière, de la main droite il conduit, et, de la gauche, tient la bride du cheval dételé, qui trotte derrière nous et m’envoie son haleine dans le cou. Et l’homme ne cesse pas de rire.

Dans ce pittoresque équipage nous obliquons à gauche, tournons à droite, passons entre deux forts piliers de pierre et de brique, qui se terminent en cônes et semblent les deux montants de la porte absente d’un château-fort, et nous voici dans une allée bordée de jeunes sapins : je suis chez Tolstoï.

Tout au bout, à un détour, apparaît, entre les arbres, la petite maison. Elle est blanche,