Page:Bourgeois - Le spectre du ravin, 1924.djvu/67

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Je découvris le souterrain conduisant au gîte… page 80.

Le cauchemar continuait… Voilà tante Solange qui s’approche de Pierre Dupas et lui dit, en le secouant rudement par le bras :

— As-tu perdu la raison, neveu Pierre, que tu maudis ta fille en ce moment, où elle est victime de la plus injuste des accusations !

Puis, voilà Nounou, la bonne vieille Nounou, qui, à son tour, s’approche de Pierre Dupas. La fidèle servante a le visage tout ravagé par la peine, elle tend le bras vers le père de Marielle et dit :

— M. Pierre Dupas, comment osez-vous traiter votre fille de misérable et la maudire ?… C’est vous qui êtes un misérable !… Et puisse la malédiction vous venez d’lancer contre cet ange r’tomber sur vous dans toute sa plénitude !

Nounou n’était qu’une servante, il est vrai, mais le dévouement avec lequel elle avait servi la famille Dupas, depuis plus de vingt ans, l’espèce d’idolâtrie qu’elle ressentait pour Marielle, en faisait un être à part ; c’est pourquoi, à ses paroles, chacun avait senti un frisson le secouer… même Pierre Dupas avait pâli.

La lugubre procession, Marielle et le policier en tête, s’achemina vers le salon, prison de la jeune accusée, pour jusqu’au lendemain matin, à huit heures, quand elle quitterait le Rocher aux Oiseaux avec M. Rust, qui la conduirait à Québec, où elle serait incarcérée dans la prison de la ville.

Mme Brassard, Mlle Solange et Lillian obtinrent la permission de causer avec Marielle quelques minutes, puis Maurice fut admis au salon, à son tour. La jeune prisonnière demanda à Maurice d’aller avertir M. Jambeau de ce qui se passait.

— J’aimerais à le voir ce bon M. Jambeau, dit Marielle. Et Jean !… Oh ! M. Maurice, Jean arrivera demain midi… avec le prêtre qui devait bénir notre mariage… et moi j’aurai quitté le Rocher aux Oiseaux !… pleura-t-elle. Le savez-vous, M. Maurice, on va m’emmener dans la prison de Québec !

— Chère Marielle ! Pauvre petite victime ! Soyez courageuse, je vous prie ! répondit Maurice. Vous avez des amis très sincères sur cette île ; tous, nous travaillerons à votre délivrance et à prouver votre innocence, je vous le promets en mon nom et au nom de tous.

Maurice, en sortant du « Manoir-Roux », aperçut Charles Paris qui venait à sa rencontre ; il avait l’air très excité.

M. Leroy, demanda Charles Paris, est-ce bien le cas que l’enfant des Dupas est mort ?