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la société des nations

but : le respect du droit et le maintien de la paix.

Permettez-moi de rappeler à ce sujet les paroles que je prononçais, en 1908, à l’École des Sciences politiques :

« Il y a, disais-je, dès maintenant, dans l’ordre économique, une vie internationale d’une intensité singulière.

« Les intérêts industriels, agricoles, commerciaux, financiers des divers pays se pénètrent tellement, leur réseau resserre tellement ses mailles qu’il existe, en fait, une communauté économique universelle. Mais, cette communauté n’est point constituée suivant les règles du droit ; c’est un marché qui obéit aux seules lois de la concurrence, où la chance, l’audace, la force sont les conditions du succès. Est-il possible de s’élever de cette communauté de fait à une communauté d’un ordre supérieur, de constituer entre les nations qui la composent un ensemble de liens de droit qu’elles acceptent également et qui forment entre elles une société véritable ? Et si cet état de droit parvient à s’établir et à durer entre les nations, ne sera-ce pas, par là même, l’établissement d’un état de paix, — et de paix réelle et profonde, de paix vraie, puisque, nous l’avons dit bien souvent, et nous ne cesserons de le redire, la paix sans le droit n’est pas, ne peut jamais être vraiment la paix ! »

Messieurs, c’est cette paix fondée sur le droit