Page:Bourget, Poésies 1872-1876.djvu/62

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<poem> Et j’ai revu présents ces jours de notre été, La mer, la grande mer au matin éveillée, La mer qui déferlait sous un ciel enchanté Toute blanche d’écume et tout ensoleillée ; — Je vous voyais debout au loin dans la clarté.

Vous vous teniez debout dans ce frais paysage. Sur l’escalier de bois qui descend du chalet. Les houles s’écroulaient à vos pieds sur la plage, Quelques pécheurs couraient sur le rude galet, Et les brises de mer frôlaient votre visage.

Comme nous sommes loin de ces jours disparus ! Et pourquoi donc mon cœur sent-il encore en rêve La douceur d’un amour qui dès longtemps n’est plus, Quand je devrais sourire en pensant à la grève Où je lançais aux flots tant de cris superflus ?

Non ! j’ai bien pu chasser cet amour de ma vie, Je ne l’ai pas tué tout entier dans ce cœur. Quand ma volonté cède, au sommeil asservie, L’ancien désir renaît, toujours jeune et vainqueur. Et de vos chers baisers j’ai toujours même envie.