Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/135

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que les hasards du corridor et de l’escalier. Allons, j’avais eu peur trop tôt, et, dans tous les cas, il vaut mieux attendre. »

Il s’encourageait lui-même de la sorte, et il se croyait de bonne foi. Vingt-quatre nouvelles heures ne s’étaient point passées qu’il ne pouvait plus garder cette illusion. Ah ! Ces rencontres de corridor et d’escalier, possibles, probables, certaines, malgré l’amplitude de l’hôtel, et qu’il avait jugées peu dangereuses, il devait vite comprendre et sentir qu’elles étaient précisément le contraire ! Il semblait bien que la volonté déterminée de Mme Raffraye réduirait à cet unique ennui les relations actuelles de cet inattendu et odieux voisinage. Non seulement pendant ces vingt-quatre heures elle avait continué de ne pas répondre, mais tout de suite ses deux femmes de chambre avaient cessé de manger à l’heure et à la table des domestiques. Ce petit détail, par lui-même insignifiant, prenait pour Francis une portée singulière. Ne prouvait-il pas que la maîtresse avait su les conversations des servantes entre elles et qu’elle entendait qu’aucun rapport, même de cet ordre, ne s’établît entre l’appartement du troisième étage qu’elle occupait et celui du second où habitait la comtesse ? Tout s’arrangeait donc en apparence pour le mieux des intérêts du jeune homme, et même le souci que son