Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/189

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partir de la minute où cette idée de sa responsabilité vis-à-vis d’Henriette l’eut ressaisi, il eut le courage de ne pas s’aveugler de sophismes. La honte subitement éprouvée devant les mensonges de ces derniers jours et le sentiment du respect vis-à-vis de tant de pureté l’avaient rappelé à lui-même. Il avait des devoirs envers Mlle Scilly, et, tout d’abord, une dette d’honneur, qui ne comportait pas de moyen terme. En se fiançant, il avait signé un pacte de loyauté. Il lui fallait ou renoncer à sa fiancée ou agir avec elle honnêtement, c’est-à-dire en homme qui n’a rien à cacher de ses actes. À la lumière de ce jugement, la lettre écrite à Pauline et le prétexte imaginé afin de guetter la petite Adèle dans le jardin du Continental constituaient, pour ne prendre que ces deux actions, deux lâchetés et deux félonies. Eût-il pardonné à celle qui devait porter son nom un seul mensonge équivalent ? D’autre part il avait découvert d’une façon aussi étrange qu’inattendue, mais qui ne lui permettait plus un doute sincère, que cette petite Adèle était sa fille. Cette certitude lui imposait-elle un devoir envers l’enfant ? Il se répondit oui, en principe, sans hésiter. Il eut alors une autre minute d’angoisse qui le força de nouveau à s’arrêter. Une question venait de se poser à lui : « Ces devoirs envers ma fiancée et envers mon enfant sont-ils conciliables ? » Ils ne l’étaient pas. Pour s’occuper