Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/233

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j’ai respecté votre volonté. Vous savez aussi, vous ne pouvez pas ne pas savoir qu’entre mon premier billet et celui-ci des rencontres ont survenu, dont je ne chercherai pas à vous cacher qu’elles m’ont profondément bouleversé. Vous avez été l’amie de ma chère Julie, et c’est au nom de cette douce morte que je me mettais si loyalement, si simplement l’autre jour à votre disposition pour vous épargner les menus soucis d’une arrivée en terre étrangère. C’est encore en son nom que je vous supplie de me recevoir, comme elle vous en supplierait elle-même, en son nom et en celui du charmant petit être en qui j’ai retrouvé sa grâce, sa délicatesse, sa sensibilité trop fine, toute son enfance, jusqu’à ses traits. — Ce que j’ai à vous dire, votre génie de mère l’a sans doute deviné déjà. Écoutez votre cœur qui vous affirme certainement que la pensée d’une fragile, d’une innocente et attendrissante créature comme est Adèle ne peut pas être mêlée à des souvenirs d’irritation et d’amertume. Les vrais dévouements sont toujours rares. Vous ne voudrez pas, en refusant de me voir, risquer d’en repousser un qui ne réclame aucun droit, sinon celui de vous assurer que sous les mots de ce billet il tient plus d’émotion que ne vous en exprime votre respectueux

« Francis Nayrac. »


Le jeune homme lut et relut cette page, énigmatique