Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/306

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Sa voix s’était faite si douce que l’enfant ne put se retenir de lever les yeux. Son tendre petit cœur était visiblement remué de sentiments contradictoires, et comme elle ne savait pas mentir, elle répondit avec une simplicité touchante :

— « C’est que je serai grondée quand je raconterai que nous nous sommes parlé… Maman n’aime pas que je cause comme l’autre soir… »

— « Hé bien ! » dit Henriette, « il faut obéir à votre maman… Adieu ! » Elle savait ce qu’elle voulait savoir et elle n’était pas plus avancée ! Que Mme Raffraye interdît à sa fille toute familiarité avec des étrangers, quel rapport y avait-il entre cette défense trop naturelle et le départ de Francis ? Elle ne se doutait guère qu’elle avait été trop bien servie par son funeste instinct en voulant à tout prix se rapprocher d’Adèle. Elle allait l’apprendre trop tôt. Comme elle faisait mine de s’en aller après avoir répété : « Adieu ! » la douce petite lui prit la main comme pour la retenir quelques secondes encore, et elle lui dit avec une insistance câline :

— « Vous êtes fâchée ?… »

— « Pas du tout, » répondit Henriette avec « un sourire un peu forcé.

— « Si, vous êtes fâchée, » insista l’enfant. Puis, après une hésitation, elle ajouta : « Il ne faut pas en vouloir à maman. Elle ne vous connaissait pas… Maintenant ce sera peut-être