Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/374

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reflet, sentit profondément cette tendresse. Elle resta longtemps à relire la lettre tour à tour et à regarder la fragile statuette Sicilienne. Enfin elle dit à voix haute : « Il faut essayer… » Et prenant la boîte et son couvercle, elle vint les déposer sans rien dire dans la chambre et sur le lit d’Henriette. Cette dernière reconnut sur un de ces deux objets l’écriture de Francis. En même temps, elle aperçut la couleur claire de la terre cuite dans son linceul de fleurs, et le sourire de la fine tête un peu penchée lui arriva presque à la même seconde que le parfum des violettes. Le souvenir se fit trop présent des bonheurs qu’elle avait goûtés avec son fiancé dans cette douce Sicile. C’était leur symbole si discret, si humble, si pénétrant ! Les épaisses et fraîches violettes lui parlaient de leurs promenades dans les jardins, du sortilège dont les avait enlacés la magie de cet hiver méridional, et la fragile statuette y mélangeait l’évocation de l’éveil qui s’était fait dans son intelligence de jeune fille, à rencontrer pour la première fois dans cette île, où Platon fut esclave, les reliques toujours vivantes de l’art le plus noble qui ait jamais paré d’idéal la vie humaine. Comme elle avait aimé cette nature, cet art, ces jardins fleuris de violettes pareilles à celles-ci, de roses, de mimosas, de narcisses, et ces salles de musée dans lesquelles s’amoncellent les bas-reliefs, les bronzes, les débris des temples, fragments