Page:Bourget - La Terre promise, Lemerre.djvu/396

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décision, » dit la jeune fille sans répondre directement, « elle est prise en effet, et pour toujours. Mais ce n’est pas celle que vous venez de comprendre… J’ai pardonné à M. Nayrac, mais je ne serai jamais sa femme… »

— « C’est impossible que tu me parles de la sorte, » s’écria la mère, « tu l’aimes, je l’ai trop constaté. Il t’aime. Je l’ai constaté aussi. Il n’y a entre vous qu’une faute de son passé qui ne peut cependant pas détruire tout votre avenir… »

— « Je vous répète que je ne serai jamais sa femme, » dit Henriette, « aussi vrai que je ne garde rien sur le cœur contre lui. Vous voyez. Je vous parle sans exaltation, sans fièvre, sans révolte, sans rancune… Mais c’est une volonté irrévocable… »

La mère demeura une minute silencieuse. Elle comprenait bien qu’elle avait devant elle une de ces énergies avec lesquelles on ne discute pas. Elle en était étonnée à la fois et terrassée, comme il arrive quand on se heurte à des partis pris dont on sent la profondeur sans en comprendre le principe. Elle eut peur, si elle questionnait davantage sa fille, de l’entendre prononcer d’autres paroles, et elle dit :

— « Je t’ai laissée libre en effet, mais si je te demande d’attendre encore huit jours pour annoncer cette rupture à Francis ?… »